mardi 19 juin 2012

Ça passe ou ça casse

Cette semaine, ça passe ou ça casse! Du moins, en ce qui me concerne. Ma patience a ses limites et passé le 1er juillet, je me résignerai à dire: "Les Coyotes resteront en Arizona encore une année..." Mais nous ne sommes que le 25 juin et rien est réglé à Glendale alors, je garde espoir. D'autant plus que des échéances importantes arrivent à terme cette semaine. Deux dates importantes en fait: 27 juin et le 1er juillet.


27 juin

Le 8 juin, journée du vote sur l'entente, Gary Bettman a indiqué aux membres du conseil que le contrat entre la LNH et Glendale qui devait initialement expirer 5 jours après la fin de la saison des Coyotes (dernier match des Coyotes = 22 mai 2012) avait finalement été reporté de 30 jours, ce qui nous met au 27 juin.

Plus important encore, l'entente signée entre la Ville de Glendale et le groupe Jamison devient caduque le 27 juin. C'est l'information rapportée par l'avocat de Glendale dans son plaidoyer devant le Juge Fink. Cette précision servait à convaincre le juge que l'argument de l'Institut Goldwater (GWI) demandant que la Ville aille en appel d'offres était irrecevable car la Ville pourrait ne pas avoir de deuxième chance de trouver un gestionnaire.

Pour faire un résumé de cette audience, le GWI critiquait l'entente signée et votée par le conseil de Ville de Glendale sur trois points. En plus de l'absence d'appel d'offres, le GWI prétendait que cette entente ne pouvait être effective immédiate car la clause d'urgence ne pouvait pas être utilisée puisque le conseil n'avait pas obtenu l'accord d'au moins 5 conseillers lors du vote (4-2). Le Juge a immédiatement donné raison au GWI sur ce point, ouvrant ainsi la porte à une demande de référendum sur cette dépense, référendum qui aurait seulement lieu en novembre prochain si 1862 signatures sont obtenues d'ici le 8 juillet. À voir les sondages en défaveur de cette dépense municipale, il y a fort à parier que ces signatures seront obtenues sans problème.

Le troisième argument amené par le GWI, point sur lequel, tout comme celui de l'absence d'appel d'offres d'ailleurs, le Juge n'a toujours pas rendu de décision, référait au fait que le vote était illégal puisqu'il avait été tenu sur un contrat inachevé, deux annexes importantes aux yeux du GWI n'ayant toujours pas été élaborées.


1ER JUILLET

Je n'apprends rien à quiconque suit moindrement les activités de la LNH. Le 1er juillet, c'est l'ouverture du marché des joueurs autonomes. Les joueurs sans contrat ont l'occasion de décider où ils poursuivront leur carrière. Il m'apparait donc évident que, pour le bien de la franchise, qu'elle demeure ou non en Arizona, une décision finale doit être prise en ce qui concerne l'année 2012-2013.


DEUX SCÉNARIOS POSSIBLES

Avec l'incapacité de plus en plus évidente de Jamison à compléter le financement pour l'achat des Coyotes, la ligue doit prendre une décision. Ou bien elle vend l'équipe à un propriétaire voulant opérer la franchise dans un autre marché, ou bien elle continue encore une autre année à opérer elle-même la franchise à Glendale. Si la Ligue devait opter pour cette deuxième option, elle ne pourra compter sur le 25M$ octroyé depuis 2 ans. Ce montant n'a pas été prévu au budget final. Au mieux, peut-être pourra-t-elle compter sur le 17M$ adopté. Encore là, ça reste à voir car rien n'est clair de ce côté.


CONFLIT DE TRAVAIL EN VUE ?

Plusieurs avancent que la LNH ne ressent pas de pression particulière avec la situation précaire des Coyotes car un conflit de travail pointe à l'horizon. Personnellement, je ne crois pas qu'il y aura arrêt de travail. Depuis la signature de la dernière entente collective (CBA), les joueurs et propriétaires sont partenaires et se partagent les revenus dans un pourcentage déterminé. Ce pourcentage sera sans doute au coeur des prochaines négociations mais celles-ci, si elles devaient entraîner un éventuel conflit de travail, aurait un impact sur le revenu total à être partagé, ce qui entraînerait des pertes pour les deux parties. Les partenaires que sont l'AJLNH et la LNH ne peuvent tout simplement pas se permettre une deuxième interruption de leurs activités en 8 ans.


PLUSIEURS POINTS D'INTERROGATION

Quelle décision rendra le Juge Fink concernant la légalité du vote tenu sur l'entente signée avec Jamison? Ce dernier réussira-t-il à compléter son financement? Les citoyens de Glendale auront-ils à se prononcer sur cette entente en novembre prochain? Le GWI menacera-t-il la légalité de l'entente quant au respect de la "Gift Clause" ? Y aura-t-il conflit de travail au début de la saison 2012-2013? Si la LNH devait demeurer propriétaire de l'équipe encore une autre année, quelle compensation financière obtiendra-t-elle de la ville de Glendale?

Dans cette saga qui n'en finit plus, on a beau être le 25 juin, plusieurs questions demeurent sans réponse. Alors, est-ce qu'on s'apprête à tirer une conclusion au livre sur la saga des Coyotes ou bien on débute un nouveau chapitre. C'est ce qu'on saura d'ici quelques jours.

En attendant, voici mon scénario: Le 27 juin, l'accord entre Glendale et Jamison devient caduque. On apprendra que Jamison n'a pu recueillir les montants espérés malgré l'accord signé avec Glendale car l'entente a été menacée et salie par le GWI. La LNH mentionnera qu'elle a tout fait pour en arriver à une conclusion heureuse pour les citoyens de Glendale mais qu'elle n'a malheureusement pas d'autres choix que d'explorer d'autres options. Et le 29 juin: conférence de presse annonçant le retour des Nordiques.

En attendant de connaître le scénario de M.Bettman, dites-moi, quel est le vôtre?

lundi 18 juin 2012

Le temps des grandes décisions

Alors que demain le Goldwater Institute (GWI) demandera à la cour de l'Arizona d'annuler le vote tenu le 8 juin par la Ville de Glendale sur le contrat de gestion octroyé à Greg Jamison par la Ville de Glendale pour quelques 324M$ sur 20 ans, les Gouverneurs de la LNH, eux, se réuniront quelques heures plus tard à Las Vegas pour discuter, entre autre chose, de la situation des Coyotes de Phoenix.

La situation des Coyotes représente sans aucun doute le dossier le plus pressant que doivent régler les dirigeants de la LNH. Une décision s'impose et celle-ci pourrait être facilitée si, en matinée, le Juge devait donner raison au GWI et ordonner la reprise du vote lorsque le contrat sera complet. Car, faut-il le rappeler, ce que le GWI reproche à la Ville de Glendale, c'est d'avoir voté sur un contrat dont certaines annexes sont toujours non écrites. Et même si la Ville devait avoir gain de cause demain, plusieurs obstacles demeurent, à commencer par les finances mêmes de M.Greg Jamison. La semaine dernière, Forbes rapportait que Jamison n'avait cumulé que 50M$. Cette information n'a jamais été démentie par le principal intéressé. Puis dimanche sur twitter, il a été rapporté que Jamison ne parviendrait pas à rassembler les fonds nécessaires et que le deal serait mort.

L'entente signée entre Jamison et la Ville de Glendale amène son lot de problèmes et ce, des deux côtés des signataires. Du côté de la Ville, le GWI prétend que cette entente contrevient à la "gift clause", un point sur lequel la Cour devra peut-être éventuellement se pencher. Et pour Greg Jamison, l'entente signée ne contient aucune clause de sortie, ce qui doit contribuer à refroidir les investisseurs les plus aventureux. Déjà qu'il doit être difficile pour Jamison de trouver des investisseurs prêts à mettre de l'argent dans une aventure aussi risquée, si celle-ci doit se poursuivre pendant 20 ans, elle devient sans doute suicidaire aux yeux de plusieurs.

Parallèlement à tout ça, on apprend que la LNH se cherche un conseiller légal pour les Coyotes et le Jobing.com arena. Est-ce en lien avec un éventuel conflit avec la Ville advenant le départ de la concession? La Ville doit toujours 25M$ à la LNH. Elle en a 20M$ de ramassés qui sont mis en fiducie et un autre 5M$ qui devra être pris dans le fonds d'urgence de Glendale. Aux dernières nouvelles, la Ville se sentait flouée par l'entente de 25M$ signée avec la LNH et n'avait pas du tout l'intention de remettre tout cet argent à la LNH, surtout dans l'état actuel de ses finances.

Cette embauche n'a peut-être rien à voir avec ce que j'avance mais je me souviens que le maire de Winnipeg avait fait référence à des contraintes légales l'an dernier lorsque des rumeurs persistantes retournaient les Coyotes à Winnipeg. La LNH se prépare-t-elle à ce genre de situation? Car s'il s'avérait que la LNH décide de "tirer la plug" sur les Coyotes dans les jours à venir, certains aspects légaux seraient sans doute à régulariser avec la Ville de Glendale. À commencer par ce 25M$.

Du côté du bureau des Gouverneurs de la LNH, on fait certainement le constat qu'après s'être impliqué en mai 2009, la situation n'est toujours pas réglée 37 mois plus tard. Si la situation n'est pas retardée demain par un jugement ordonnant la reprise du vote, elle pourrait l'être par une éventuelle poursuite du GWI sur le contenu de l'entente. À la base, la situation est aussi tout simplement retardée par la difficulté que rencontre Greg Jamison à amasser les fonds nécessaires. Et la date limite approche! Et il est logique de penser que la réunion des Gouverneurs de juin était une date critique pour approuver le transfert de l'équipe à Greg Jamison. Et puisqu'il est impossible de confirmer un tel transfert dans les circonstances actuelles, peut-être se verront-ils dans l'obligation de discuter d'un autre type de transfert...?

C'est à suivre. Une chose est certaine, on n'en a pas pour très longtemps à rester sans réponse.

samedi 9 juin 2012

Bettman va allin...avec 2 et 7 offsuit!

"Nous sommes allin!" Voilà l'expression qu'a utilisée vendredi, devant le conseil de Ville de Glendale, le commissaire Gary Bettman. Il a cependant négligé de spécifier les cartes qu'il avait dans les mains. Et quand on retourne ces cartes, on découvre 2 et 7 dépareillées...

Comme un joueur de poker qui va allin avant la fin de la main, Bettman s'en remet au hasard, ne contrôle plus rien et espère que la chance saura le favoriser. Mais quand il y va avec de telles cartes, c'est plutôt un miracle qu'il espère!

LOIN D'ÊTRE TERMINÉ

Pour ceux qui ont suivi la saga (Je ne parle évidemment pas de RDS ici qui parlait vendredi à l'anti-chambre de fin du rêve pour Québec tout en s'empressant de qualifier d'éléphant blanc le nouvel amphithéâtre à être construit), le vote de vendredi ne représente aucune surprise. Déjà il y a quelques semaines, c'est dans ces mêmes proportions (4-3) que les conseillers avaient voté un budget préliminaire prévoyant 17M$ pour la gestion de l'aréna (AMF = Arena Management Fee). L'absence d'une des trois opposantes à ces frais de 17M$ était absente hier, d'où le résultat de 4-2.

Vendredi matin, avant que le conseil de ville de Glendale ne se prononce sur l'entente, le Goldwater Institute (GWI) avait déposé une injonction pour empêcher la tenue de ce vote. Tout en reconnaissant des violations claires au jugement de cour rendu en 2009 selon lequel les documents doivent être rendu public au moins 24h avant la tenue d'un vote, la Juge Katrine Cooper a donné raison aux avocats de la Ville de Glendale et admis ne pas avoir le pouvoir d'empêcher la tenue d'un vote. La Juge Cooper a par contre donné des munitions clairs aux avocats du GWI en affirmant ceci: "Ce que la Ville s'apprête à faire ne respecte pas un ordre de la cour et pourrait mettre en péril la capacité de cette entente de s'appliquer parce qu'elle deviendrait sujette à des poursuites d'ordre juridique." ("What the city is preparing to do, not complying with the court's order, may jeopardize the ability to carry forward with that agreement because it would be subject to attack legally.")

C'est donc dans ces circonstances que les conseillers de Glendale ont tenu leur vote sur l'entente avec Jamison avec le résultat que l'on connait.

RETOUR EN COUR LUNDI

On devine donc facilement ce qui se passera demain. Le GWI retournera en cour pour contester la tenue de ce vote qu'il considère illégal. La Vice-Présidente du GWI l'a elle-même confirmé dans cette entrevue téléphonique. "We're back in court on Monday. I garantee it!" Et on ne parle même pas ici de contestation de l'entente tel quelle, mais simplement de la tenue du vote. Selon un précédent jugement, la Ville doit rendre public tous les documents relatifs à la tenue d'un vote 24h avant celui ci. Or, dans le cas qui nous préoccupe, le contrat a été soumis lundi mais référait à des annexes qui elles, n'avaient pas été soumises et dont certaines (Annexes C et G) n'avaient mêmes pas été rédigées encore! Les membres du conseil de Ville de Glendale ont donc voté sur un contrat non complet! C'est aussi ça que le GWI contestera en cour lundi.


RESPECT DE LA GIFT CLAUSE?

Les avocats de la Ville et ceux du Goldwater Institute ne s'entendent pas non plus sur le respect ou non de ce contrat par rapport à la Gift Clause. Selon les avocats de la Ville, pour déterminer si l'entente respecte ou non la Gift Clause, il faut faire le calcul suivant: A vs B+C. Pour faire leurs calculs, les avocats de Glendale ont utilisé les résultats de l'étude Pollack. :

A= Ce que la Ville paie selon l'entente (300M$ en frais de gestion + 24M$ en frais de rénovation) =324M$ sur 20 ans. Puisque le 15M$ que la Ville pourrait donner en frais de gestion de l'aréna (AMF) en 2025 n'a pas la même valeur qu'un 15M$ qu'elle pourrait donner en 2016, ce chiffre est ramené en valeur présente. Le 324M$ sur 20ans devient donc 204M$ en valeur présente. Le reste des chiffres que je donnerai pour représenter B et C est également remis en valeur présente.

B= Ce que la Ville percevra en frais de location, en surcharge sur les billets, en droit de nomination (naming rights) = 45M$.

C= Ce que la Ville perdra si l'équipe quitte selon divers scénarios = 177M$. Dans l'étude, ils ont pris le scénario actuel, soit 41 parties locales et 30 événements et estimé à 50, le nombre d'événements qui s'y tiendrait si les Coyotes n'y étaient plus.

Au final, selon les avocats de la Ville, ce que la Ville paie (204M$) est inférieur au total de ce qu'elle reçoit et sauve (45M$ + 177M$ = 222M$) La Ville y gagne donc 18M$ avec cette entente et respecte donc la Gift Clause.

Deux points seront soulevés par le GWI concernant ce que la Ville doit payer en AMF (point A):

D'abord, le GWI a déjà mentionné qu'il considèrerait comme une subvention, tout montant excédant 10M$/année en AMF. Dans l'entente actuel, c'est une moyenne de 15M$ que le groupe Jamison reçoit de la Ville de Glendale.

Puis, selon l'entente, Jamison reçoit la gestion complète du stationnement mais la Ville n'en tient absolument pas compte dans son calcul menant aux 324M$ sur 20ans. Or, le GWI estime que ce stationnement a une valeur de 100M$ sur 20ans. Cette estimation vient de...la Ville de Glendale elle-même!!! En effet, l'an dernier, quand la Ville avait tenté d'émettre des obligations pour 100M$ pour financer Hulsizer dans l'achat des Coyotes, c'était le stationnement qui servait à financer ce 100M$. Le GWI considère donc que sur 20 ans, ce n'est pas 324M$ que le groupe Jamison reçoit mais bien 424M$. En faisant le calcul A vs B+C, on réalise alors que le contrat ne respecte plus du tout la Gift Clause.


ÉCHÉANCE

Lors du conseil de Ville de vendredi, Gary Bettman l'a avoué. Initialement, le contrat entre la Ville et la LNH expirait 5 jours après le dernier match de l'équipe (qui a été joué le 22 mai). Les deux parties ont repoussé la date de 30 jours ce qui donne le 22 juin (ou le 27 car ce n'était pas clair de quelle date partait le 30 jours). Bettman a également reconnu, devant les membres du conseil de Ville que la situation ne pouvait pas perdurer encore très longtemps car d'ici 2-3 semaines, si rien n'est finalisé, la LNH se retrouvera alors devant une situation incertaine et délicate.

Du côté des la Ville, les avocats ont également mentionné à la Juge Cooper, celle qui devait trancher la demande d'injonction sur la tenue du vote émise par GWI, que la LNH allait finir par s'impatienter si ce dossier ne finissait pas par aboutir. Un avocat a même déclaré à une journaliste de Glendale que la LNH avait dit à la Ville de closer le deal ou sinon, c'était la relocalisation.


FINANCEMENT NON COMPLÉTÉ

On a également appris, lors du conseil de vendredi, que Jamison nécessiterait encore 2-3 semaines pour finaliser le financement et qu'il n'avait pas la liberté de nommer ses créanciers pour l'instant. Ce que Forbes rapportait la semaine dernière - et ce que Jamison n'a pas nié - c'est que le financement n'était pas complété. La conclusion de l'entente avec Glendale servirait à convaincre les créanciers de Jamison d'embarquer.

Il n'a pas à dire, Bettman y va allin et il n'a pas une paire d'as entre les mains. Malgré que l'entente ne soit pas encore complétée, il prend la chance de la faire passer au conseil. Malgré le fait qu'il est permis de douter que cette entente respecte l'esprit de la Gift Clause, il prend la chance que le GWI fermera les yeux. Malgré le fait que Jamison n'ait pas amassé tout l'argent, il prend la chance que cette entente permettra à son dernier espoir de compléter son financement. Vraiment, pour que Bettman remporte son pari, il a besoin de prendre beaucoup de chance. Et comme au poker, il arrive que 2 et 7 dépareillées remporte la main. Par contre, les odds n'étant pas de son bord, une telle chose n'arrive pas souvent et de deux, tous savent que sur le long terme, c'est une main assurément perdante!

Mais Bettman sait qu'il peut se permettre de prendre toutes ces chances car sa seule certitude, c'est que Québec, elle, est prête à recevoir ses Coyotes!

Demain s'amorce donc la semaine la plus cruciale du hockey professionnel à Québec depuis 1995. Le Coyote déjà passablement amoché recevra le coup fatal.