dimanche 8 juillet 2012

Advienne que pourra

"Advienne que pourra". C'est probablement ce que doit se dire Pierre-Karl Péladeau. Car selon la définition de ce proverbe francais, il faut agir selon notre conscience et faire le maximum mais l'accomplissement des choses n'en demeure pas moins en partie indépendant de notre volonté. Et nul doute que Péladeau a tout fait ce qu'il avait à faire pour obtenir une concession dans la LNH. Et il l'a bien fait. Il a présenté son plan à la LNH, il a obtenu le contrat de gestion du nouvel amphithéâtre à être construit, il a lancé un réseau de télévision sportive prêt à diffuser les matchs de son équipe, il a l'argent disponible pour acheter une équipe de la LNH, etc. Pour la suite des choses, il est à la merci des décisions de la Ligue.

Personnellement, je m'étonne que le 9 juillet 2012, je sois en train d'écrire sur le sujet du retour possible du hockey pour l'automne 2012. Pour être honnête, j'envisageais voir la LNH annoncer la fin des Coyotes à la mi-mars, soit alors qu'il reste 5 matchs à domicile pour les Coyotes. Je croyais que la LNH allait vouloir profiter de l'effet "dernière chance" pour attirer des curieux ou s'assurer de la présence des quelques fans. Plus tard, j'ai cru que l'annonce serait faite avant le début des séries, soit vers le 10-11 avril. Je croyais par contre que les Coyotes rateraient ces séries. Puis, dans mon dernier billet, je disais que ma date limite personnelle était le 1er juillet. C'était avant que la LNH rallonge de 30 jours l'entente qu'elle détenait avec la Ville de Glendale et qui devait se terminer le 27 juin.

À l'instar de la LNH, j'ai donc moi-même repoussé à quelques reprises ma date limite pour cesser d'y croire. Et je le fais encore une fois. Mais pour la dernière fois...! Dans un sens ou dans l'autre, une décision devrait être prise cette semaine.


GROS LUNDI

Greg Jamison n'a pas réussi à convaincre qui que ce soit qu'il avait accumulé les fonds nécessaires pour acheter l'équipe. Personnellement, la situation actuelle ne me surprend pas du tout puisqu'au mois d'août dernier, il y a presque un an, j'écrivais que Jamison ne réussirait pas à acheter l'équipe. D'ailleurs, selon NBC, la LNH aurait donné jusqu'à aujourd'hui lundi à Jamison pour démontrer qu'il avait complété son financement.

C'est aussi ce lundi 9 juillet que Doan avait identifié comme date limite à partir de laquelle il considèrerait des offres provenant d'autres organisations que celle des Coyotes. Joueur ayant toujours évolué pour cette même organisation (Jets/Coyotes), Doan souhaite terminer sa carrière à Phoenix mais veut être rassuré quant à l'avenir de l'organisation du désert. Or, il semble que Doan n'est pas été rassuré puisqu'il n'a toujours pas signé avec l'équipe.

C'est aussi ce lundi 9 juillet que les citoyens, à l'origine de la pétition s'opposant à l'entente, doivent dévoiler la liste des signatures recueillies. Si ce nombre est suffisamment élevé pour forcer la tenue d'un référendum, celui-ci aura lieu en novembre. Les instigateurs de la pétition remettent par ailleurs en considération cette date du 9 juillet et prétendent avoir plutôt jusqu'au 16 pour ce faire. C'est un dossier à suivre.

Parallèlement à cette pétition, une autre pétition circulait à Glendale dans laquelle les citoyens étaient invités à exprimer leur désaccord sur la hausse de la taxe de vente de 0,7%. Cette pétition a été déposée avec un nombre de signatures suffisamment élevé pour forcer la tenue d'un référendum en novembre. Ce référendum met en danger l'entente signée avec Jamison puisque cette hausse devait permettre à la Ville de Glendale d'engranger 23M$/année, argent qui doit servir à payer les frais de gestion de 20M$ pour la 1ère année de l'entente avec Jamison. Sans cette entrée d'argent, le Directeur-Général de la Ville a mentionné que la Ville pourrait ne pas disposer de fonds suffisants pour respecter l'entente.

Pour faire un résumé du merdier dans lequel se retrouve Glendale, la Ville fait face à une menace de deux référendums susceptibles d'anéantir l'entente. La tenue de l'un est déjà confirmée alors que la tenue du deuxième reste à l'être. Avec ces deux épées de Damoclès pendant au-dessus de l'entente, celle-ci pourrait ne pas pouvoir être confirmée avant novembre.

Un premier gros problème survient: Au début de la saison 2012-2013, la LNH devrait donc demeurer propriétaire de l'équipe en attendant de voir si Jamison et Glendale seront en mesure de conclure leur entente. Ce risque, la LNH devrait le courir sans compter sur les subventions de 25M$ venant de Glendale et sur lesquelles la LNH a pu compter depuis deux ans. Mais la LNH a renouvelé son entente avec Glendale pour 30 jours, soit jusqu'au 27 juillet. Elle ne l'a pas fait pour 6 ou 12 mois! J'imagine que cela en dit long sur les intentions de la LNH de demeurer propriétaire des Coyotes...

Puis, si malgré toutes ces embûches, cette entente devait être concrétisée et entrée en vigueur, l'Institut Goldwater (GWI) a annoncé qu'il contesterait cette entente pour non respect de la Gift Clause*. Avant de se lancer inutilement dans les dépenses judiciaires, GWI attend de voir si cette entente entrera réellement en vigueur ou si l'action des citoyens sera suffisante pour éviter à GWI d'intervenir dans le dossier.

Du côté de Québec, la Ville n'a toujours pas utilisé sa clause de sortie lui permettant de se sortir des appels d'offres qu'elle a lancés pour la réfection du colisée actuel. Ces réfections ont pour objectif de mettre le colisée à niveau et respecter les standards de la LNH. C'est clairement un indice que du côté de Québec et de Quebecor, on n'a pas lancé la serviette pour la saison 2012-2013! Mais là aussi, le temps presse si on veut pouvoir effectué ces travaux à temps. Le maire Labeaume avait parlé de la mi-juillet comme date limite où la Ville devrait prendre une décision à savoir si on doit foncer ou non avec ces travaux. Nous y serons à la fin de la semaine.

Encore le 9 juillet, plusieurs questions demeurent en suspend à commencer à savoir qu'arrivera-t-il des Coyotes et où évolueront-ils? Jamison trouvera-t-il de l'argent? L'entente avec Glendale et l'achat des Coyotes à la LNH pourront-ils être conclus sans embuche? La LNH décidera-t-elle d'aller jusqu'au bout du processus, quitte à demeurer propriétaire encore une année à Glendale? La LNH décidera-t-elle de carrément dissoudre l'équipe des Coyotes pour ainsi conserver Québec comme élément de négociation pour la convention collective (CBA) avec la NHLPA? Y aura-t-il transfert des Coyotes vers Québec?

La seule réponse qui me vient en tête est la suivante: Advienne que pourra!

*Les avocats de la Ville et ceux du Goldwater Institute ne s'entendent pas non plus sur le respect ou non de ce contrat par rapport à la Gift Clause. Selon les avocats de la Ville, pour déterminer si l'entente respecte ou non la Gift Clause, il faut faire le calcul suivant: A vs B+C. Pour faire leurs calculs, les avocats de Glendale ont utilisé les résultats de l'étude Pollack. :

A= Ce que la Ville paie selon l'entente (300M$ en frais de gestion + 24M$ en frais de rénovation) =324M$ sur 20 ans. Puisque le 15M$ que la Ville pourrait donner en frais de gestion de l'aréna (AMF) en 2025 n'a pas la même valeur qu'un 15M$ qu'elle pourrait donner en 2016, ce chiffre est ramené en valeur présente. Le 324M$ sur 20ans devient donc 204M$ en valeur présente. Le reste des chiffres que je donnerai pour représenter B et C est également remis en valeur présente.

B= Ce que la Ville percevra en frais de location, en surcharge sur les billets, en droit de nomination (naming rights) = 45M$.

C= Ce que la Ville perdra si l'équipe quitte selon divers scénarios = 177M$. Dans l'étude, ils ont pris le scénario actuel, soit 41 parties locales et 30 événements et estimé à 50, le nombre d'événements qui s'y tiendrait si les Coyotes n'y étaient plus.

Au final, selon les avocats de la Ville, ce que la Ville paie (204M$) est inférieur au total de ce qu'elle reçoit et sauve (45M$ + 177M$ = 222M$) La Ville y gagne donc 18M$ avec cette entente et respecte donc la Gift Clause.

Deux points seront soulevés par le GWI concernant ce que la Ville doit payer en AMF (point A):

D'abord, le GWI a déjà mentionné qu'il considèrerait comme une subvention, tout montant excédant 10M$/année en AMF. Dans l'entente actuel, c'est une moyenne de 15M$ que le groupe Jamison reçoit de la Ville de Glendale.

Puis, selon l'entente, Jamison reçoit la gestion complète du stationnement mais la Ville n'en tient absolument pas compte dans son calcul menant aux 324M$ sur 20ans. Or, le GWI estime que ce stationnement a une valeur de 100M$ sur 20ans. Cette estimation vient de...la Ville de Glendale elle-même!!! En effet, l'an dernier, quand la Ville avait tenté d'émettre des obligations pour 100M$ pour financer Hulsizer dans l'achat des Coyotes, c'était le stationnement qui servait à financer ce 100M$. Le GWI considère donc que sur 20 ans, ce n'est pas 324M$ que le groupe Jamison reçoit mais bien 424M$. En faisant le calcul A vs B+C, on réalise alors que le contrat ne respecte plus du tout la Gift Clause.