dimanche 6 juin 2010

Bettman délie sa langue pour aider à délier les cordons de la bourse.



Il n'y a pas si longtemps, lorsque le commissaire de la LNH Gary Bettman parlait des villes susceptibles de recevoir une concession via l'expansion ou la délocalisation, il nommait, dans l'ordre ou dans le désordre, les villes de Kansas City, Las Vegas, Winnipeg, Québec, Sud de l'Ontario, etc. Il était toujours très vague. Du moins, jusqu'à ce point de presse du vendredi 28 mai dernier! Au cours de ce point de presse réalisé en marge de la finale de la Coupe Stanley, il a clairement signifié son intention de réparer les erreurs du passé. Il a depuis, à deux reprises, défendu vigoureusement son point de vue sur Québec et Winnipeg. D'abord durant le deuxième entracte du match #3 de la finale à CBC (1), puis le lendemain à Fan 590, une station de radio torontoise (2).

Bettman a la réputation de demeurer très discret sur les intentions de sa ligue, surtout lorsque rien n'est réellement concret, et de mesurer l'impact de chacun de ses mots. Deux questions importantes sur ce point de presse se posent alors: Pourquoi Bettman parle-t-il de Québec et pourquoi le fait-il alors qu'est sur le point de s'amorcer la grande finale de la Coupe Stanley ?

Dans le milieu des affaires et particulièrement lorsque des gens de haut niveau interviennent, toutes les actions et toutes les paroles sont mesurées et rien n'est laissé au hasard. Voici ce qui s'est passé dans les dernières semaines: 1- Pierre-Karl Péladeau a confirmé son intérêt pour un club de hockey de la LNH à Québec, 2- Bettman a dit vouloir réparer les erreurs du passé et 3- la nouvelle a ensuite coulé, dans Le Soleil, qu'il y avait effectivement eu une rencontre entre Bettman et PKP le 20 mai dernier. Pourquoi l'apprend-t-on dans Le Soleil alors que PKP possède le Journal de Québec ? Tout simplement parce qu'il aurait été mal vu d'apprendre dans le journal du "grand boss" que celui-ci avait eu une rencontre secrète avec le commissaire alors que cela passe comme du bon journaliste d'enquête de l'apprendre dans le journal concurrent. Si PKP perd un "scoop" à court terme, il gagne à long terme si ce "scoop" donné au concurrent lui permet d'arriver à ses fins.

Ce n'est plus un secret pour personne, Pierre-Karl Péladeau prépare présentement son montage financier et une partie importante de celui-ci est relié à l'amphithéâtre. Il a d'abord besoin de connaître l'engagement financier des divers paliers de gouvernement dans la nouvelle bâtisse de même que le montant de commandite rattachée au nom de l'amphithéâtre. Pour ce qui concerne le financement public, la Ville de Québec s'est déjà engagé pour 50M$ de dollars, le Provincial pour au moins 100M$ mais il reste au Fédéral à se commettre.

Et la commandite reliée au nom de l'amphithéâtre? Ces commandites sont des contrats qui ne se renouvellent pas annuellement et c'est pourquoi il est important de connaître quelles activités sont susceptibles de s'y dérouler avant d'embarquer dans une telle commandite. Les contrats s'étalent habituellement sur une durée d'au moins 10 ans. Si une compagnie est intéressée a acheté le nom de l'amphithéâtre si une équipe de la LNH y évolue, elle n'a peut-être absolument aucun intérêt si ce n'est pas le cas et c'est pourquoi des ententes à deux volets (avec ou sans équipe) sont probablement difficiles, voire impossibles, à conclure.

Les déclarations de Bettman seraient-elles un coup de main au groupe Québécor dans ses négociations avec les différents paliers de gouvernements ainsi qu'avec les compagnies intéressées par le nom de l'amphithéâtre. Puisque rien n'est laissé au hasard dans ce milieu, je crois sincèrement que, par ses paroles, Bettman donne l'assurance à Québec qu'il y aura bel et bien du hockey à court terme dans la Capitale tout en facilitant le travail de PKP lorsqu'il négocie avec de possibles commanditaires. Desjardins, Labatt et Telus seraient dans la lutte pour le nom de l'amphithéâtre. Pour ces compagnies, se faire dire par PKP que les contacts avec la LNH sont encourageants et qu'il est fort probable que du hockey professionnel se déroule à l'intérieur d'un futur amphithéâtre est bien mais se faire confirmer les intérêts de la LNH pour la Ville de Québec par le commissaire dans un point de presse officiel réalisé le jour du début de la finale de la Coupe Stanley, c'est une assurance encore plus importante.

Et pourquoi justement Gary Bettman le fait-il dans ce point de presse alors que la finale de la Coupe Stanley est sur le point de débuter? Tout simplement parce que ce projet de retour peut se réaliser beaucoup plus rapidement qu'on le pensait il y a 6 mois si on accélère le processus. Tellement rapidement que je commence même à penser que ce pourrait être dès cet automne. Je me souviens que le 14 mai 1995, quand j'ai assisté à la dernière partie à domicile des Nordiques, j'étais très loin de penser que je venais d'assister à la toute dernière partie de leur histoire. Et pourtant, 11 jours plus tard, Me Aubut nous annonçait que c'était la fin. La même chose peut très bien se reproduire pour des concessions comme les Islanders ou le Lightning.

Quand Bettman était vague sur les villes intéressées par la LNH, on pouvait croire à juste titre qu'il faisait ça pour mettre de la pression sur des villes existantes de la LNH afin que celles-ci construisent des édifices modernes ou pour réveiller les spectateurs en leurs montrant l'épée de Damocles qui leurs pendaient au-dessus de la tête s'ils ne démontraient pas un plus grand intérêt pour leur équipe. Mais quand Bettman précise des villes comme Québec et Winnipeg comme il l'a fait à 3 reprises dans les 10 derniers jours et qu'il déclare vouloir réparer les erreurs du passé, c'est à Québec et Winnipeg qu'il envoie un message! À nous de le décoder et d'embarquer dans l'aventure.

Du hockey à Québec à l'automne 2010? Je garde espoir. Du hockey à Québec à l'automne 2011? J'en suis maintenant convaincu.



(1) http://www.cbc.ca/sports/hockey/story/2010/06/02/sp-maclean-bettman.html
(2) http://radioego.com/ego/listen/5134

2 commentaires:

  1. Les Bulldogs de Québec

    RépondreSupprimer
  2. Il faut que ce soit les Nordiques. Le nom est gagné d'avance et rejoint autant le côté "vintage" que futur. Au point de vue marketing, c'est gagnant sur tous les points. C'est sûr que Bulldogs rejoint également le côté "vintage" mais c'est trop loin. Personne de vivant n'a connu les Bulldogs.

    RépondreSupprimer